Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Une nouvelle crise financière? Non, mais .....

Publié le 29 Décembre 2018 par Jean MESSIHA

 

Prédire le retour de la crise de 2008 sous une forme ou sous une autre fait maintenant partie du lot quotidien de la presse économique et financière. 

Il est de fait que moult indicateurs qui ressemblent aux nuages noirs et grondants d'un orage tropical en formation s'accumulent sur l'économie mondiale.  

Les "experts" nous annoncent que le pire peut se produire mais concluent leurs analyses en indiquant que l'inverse peut tout aussi bien arriver. Pratique!

 Je ne vais pas me livrer à ce petit exercice hypocrite et vous donner un scénario et un seul, celui que je pense sincèrement le plus probable pour les 12 -18 mois qui viennent: une non-crise mais parsemée de secousses qui feront trembler un système économique mondial déjà fragilisé et laissera la France encore plus vulnérable.   

  1. La montée des périls.

Les ingrédients d'une crise sont pourtant bien là et sont assez fidèlement présentés par le magazine "Capital" dans son édition du 28/12/2018 par les tableaux suivants:  

L'incendie de 2008 eu son Red Adair en la personne de Ben Bernanke , patron de la Réserve Fédérale américaine de 2006 à 2014, qui décida d'inonder le marché de liquidité en lançant son devenu fameux "Quantitative Easing" (programme de rachat massif de dette américaine par la banque centrale) imité rapidement par les banques centrales britannique et japonaise et plus tard (très tard) par la BCE.        

 

Cette injection massive de cash dans le système économique aurait du générer une hausse des prix mais c'est plutôt une flambée de la valeur des actifs immobiliers ou financiers qui s'est produite avec une bulle boursière particulièrement visible dans le plus grand marché financier du monde.

Le tableau suivant nous livre une information intéressante, l'explosion de la dette ne date pas de la crise de 2008 mais de cette folle période d'exubérance financière qui se situe entre 2001 et 2007 et qui porte en son sein les ferments de la crise qui suivit et au cours de laquelle l'augmentation se poursuivit.   

 

Si les dettes souveraines sont très élevées, les ménages ne sont pas en reste , eux qui ont profité des taux bas pour s'endetter à bon compte mais une catégorie d'emprunteurs inquiète particulièrement: les étudiants américains victimes d'une hausse affolante des prix de leurs études et obligés de contracter des emprunts vertigineux pour les financer.    

 

 

 

Toutefois toutes les bonnes choses ayant une fin, les banquiers centraux observant avec une certaine inquiétude la formation de ces bulles, la remontée de l'inflation et la bonne tenue générale de leurs économies ont décidé de siffler la fin de la partie et de mettre fin progressivement à leur politique monétaire dite "accommodante".   

C'est particulièrement vraie aux USA où la "Fed" a augmentée son taux directeur (celui auquel elle prête aux banques) depuis 2015 et avec la dernière hausse de 0.25% en décembre 2018 le situe à 2.5% assorti d'une intention affichée de monter à 3% en 2019 au grand dam de Donald Trump qui accuse sa banque centrale de briser l'élan de l'économie américaine.   

 

 

L'autre grand facteur d'inquiétude macro-économique pour les marchés financiers se trouve dans le ralentissement de la croissance mondiale. 

A tous ces facteurs il faut naturellement ajouter les différentes tensions qui marquent notre environnement 

La "guerre commerciale" entre les USA et la Chine mais qui n'épargnera peut-être pas l'Europe.

La saga du BREXIT qui devrait tout de même connaitre un épilogue très prochainement ...ou pas!

La dette italienne qui inquiète toujours par son gigantisme relatif malgré l'accord bancal conclu entre l'UE et l'Italie.

Bref les motifs d'inquiétudes ne manquent pas et ont commencé à se refléter sur les marchés boursiers qui ont subi depuis 3 mois une correction d'environ  20%.

   

    2. Une "descente de trip" pénible mais maitrisée.

Les toxicomanes connaissent bien ce phénomène qui marque la fin de l'effet du stupéfiant sur leur organisme et c'est bien ce à quoi nous préparent des banquiers centraux qui ont décidés de signifier la fin de la partie et de nous priver de cette "dope monétaire" dont ils nous abreuvent depuis des années.

Formation de "bulles", remontée de l'inflation, croissance et emploi dans de nombreuses économies,  les détenteurs du pouvoir monétaire ont décidé que cela suffisait et tant pis pour ceux qui n'ont pas profité de ces largesses pour restructurer leurs économies. Suivez mon regard (la France bien sur)!  

Il fallait bien que cela s'arrête: ils ont injecté globalement des milliers de  milliards de Dollars, d'Euros, de Livres , de Yen dans les tuyaux du système financier qui ont permis d'éviter un vrai cataclysme mais ont aussi contribué à creuser des inégalités entre ceux qui étaient au bout du tuyau (banques, multinationales, fonds d'investissements, grandes fortunes, cadres mondialisés, etc)  et ceux qui en étaient plus éloignés (classes populaires ou moyennes).

C'est donc dans le cadre de ce sevrage de liquidité abondante et peu chère que nous amorçons une année de tous les dangers.

Toutefois nous n'aurons pas un "Armageddon" économico-financier car de puissantes forces de rappel l'empêcheront.

La chute accélérée des cours du pétrole qu'illustre le graphique du site "Boursier.com" ci-dessous a des effets contrastés mais au final très bénéfiques pour les économies très consommateurs qui "font tourner" l'économie mondiale: les USA, l'UE et la Chine ainsi que plusieurs grands pays émergents Inde et Brésil.  Elle procure un regain de pouvoir d'achat pour les ménages et une baisse des couts des matières premières pour les entreprises.     

            

Le système bancaire mondial est quoiqu'on en dise bien plus solide et plus contrôlé/régulé qu'il ne l'était avant 2008.

La folle danse des produits dérivés s'est transformée en une spéculation intense mais moins débridée.

Les établissements bancaires sont nettement mieux capitalisés et sont contraints à détenir davantage de liquidités pour faire face à une crise.

Le conflit commercial sino-américain va s'apaiser avec un "deal" que Donald Trump imposera à une Chine qui ne peut se permettre de se mettre à dos son plus gros et plus rentable client et de loin.   

Nous aurons la démonstration qu'en comparaison de la faiblesse, de la complaisance, de la lâcheté voire de la trahison des élites européistes la fermeté du Président de "l'Amérique d'abord"  fait plier le tricheur chinois.   

Le ralentissement de l'économie chinoise est également observée avec inquiétude en raison du poids qu'elle a acquise dans l'économie mondiale           (2ème après les USA) et du rôle moteur de sa croissance (33% de la croissance annuelle mondiale à elle seule). Mais ce rythme de progression de plus de 8% en moyenne depuis 10, 20, 30 ans (et plus) finit par connaitre un aplanissement d'autant que son cout environnemental est immense. Il n' y a pas matière à s'alarmer, cet immense pays est souverain, les décisions se prennent à Beijing, le pouvoir est fort, la banque centrale et le système bancaire sont au service de l'économie nationale et les immenses réserves de devises accumulées peuvent être utilisées pour doper une économie en ralentissement naturel après une trajectoire qui fait penser à un décollage de "Rafale"...................

..........en mission d'interception! 

       

     

Le BREXIT va trouver une issue raisonnable. Si les "exiters" durs et les "remainers" acharnés seront tentés par la politique du pire je fais le pari que devant la perspective d'une sortie chaotique ou pas de sortie du tout, la majorité des députés de la Chambre des Communes votera pragmatiquement.             

L'Italie a réussie à faire valoir une bonne partie de ses choix budgétaires en tant que nation souveraine face à une Commission qui a bien compris que perdre l'Italie devenue très euro-septique n'était pas une option. Nos amis de la Ligue ont aussi fortement contribué à amodier certains aspect  d'un programme de dépenses un peu agressif dans le contexte très particulier de notre voisin: la dette publique la plus élevée d'Europe en valeur absolue que sa détention majoritaire par les Italiens ne rend pas moins écrasante.      

Tous ces éléments positifs ne nous empêcherons pas de connaitre de nombreux soubresauts, des mini-crises, des moments de stress intenses sur les marchés financiers qui ne détruiront pas le système mais le secoueront. "Cela va tanguer mais ça va passer" nous dirait un marin.

  

"Et la France dans tout cela?" me direz-vous.

Je pense que nous ne finirons 2019 pas mieux que 2018 car nous sommes embourbés dans un modèle économique qui nous pénalise structurellement que la conjoncture mondiale soit bonne ou mauvaise.

Laminé par un problème de cout du travail trop élevé prenant sa source dans le poids des charges et non celui du niveau des salaires notre appareil productif ne crée plus assez de richesses. Il est de surcroit soumis à la concurrence déloyale des économies à bas cout d'Europe Centrale dont l'impact reste limité (sans être pour autant acceptable) mais surtout à celle du rouleau compresseur chinois.   

L'Union Européenne dirigée par une caste libre-échangiste aussi fanatique dans ses convictions que les Communistes et les Fascistes l'étaient dans les leurs a toujours trouvée en face d'elle un pouvoir français complice qu'il émane de la Droite, de la Gauche et maintenant de la "Macronie".

Ce n'est pas la précarisation des travailleurs, la répression contre les chômeurs ou bien l'aspersion des riches par plus de richesse censés nous ruisseler dessus  qui règleront notre problème de fond:

la sous-compétitivité de notre économie piégée par une monnaie trop forte.

....et tout ce qui en découle directement:

- désindustrialisation et déclin agricole => chômage, précarité et paupérisation des territoires périphériques, déficit commercial, etc 

....et indirectement

- fiscalité et prélèvements sociaux insoutenables pour soutenir un Etat et un modèle social exigeants et pourtant insuffisants pour empêcher des déficits publics croissants et une dette himalayenne.        

Pour nous en sortir il y a des solutions et je les ai détaillées dans mon article "Sortir du piège de l'Euro sans sortir de l'Euro".        

Cette première contribution de l'année me donne l'occasion de vous souhaiter une belle et heureuse année 2019 et vous inviter en mai à faire le choix le seul choix possible pour la France et pour la France dans l'Europe , celui de Marine le Pen et du Rassemblement National.        

 

Commenter cet article
D
Monsieur <br /> Merci pour cette présentation qui ratisse des sujets importants de l'équilibre des nations, en cette fin d'année.<br /> Ainsi ai je pu me frotter à vos angles d'analyses.
Répondre