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Discours de Présentation du Programme (Assises Présidentielles de Lyon)

Publié le 6 Février 2017 par Jean MESSIHA

Madame la Présidente,

Chère Marine,

Chers élus,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Il y a quelques mois déjà, et même davantage, notre mouvement a commencé à préparer cette élection présidentielle, en s’attelant à la question de l’exercice du pouvoir.

Il y a d’abord les CAP qui travaillent d’arrache-pied et depuis des années, sur un large spectre de domaines, de l’économie à l’agriculture en passant par la justice, la défense ou encore l’environnement. Puis, un à un, des collectifs ont vu le jour, s’emparant de tous les sujets qui nous permettaient de tester la pertinence de nos idées et de développer des solutions intelligentes destinées à remédier à la situation de notre pays. Ces deux structures, CAP et Collectifs, auxquelles je veux ici rendre un vibrant hommage, ont permis à notre mouvement de disposer d’une véritable armature programmatique tout à la fois générale et pointue. Plus récemment, des cadres supérieurs du public et du privé en grand nombre sont venus soutenir la candidature de Marine le Pen à l’élection présidentielle. Ce sont les Horaces dont j’ai le privilège d’être le porte-parole, qui ont travaillé tantôt en appui tantôt comme force de proposition opérationnelle par un travail complémentaire de synthèse et de chiffrage.

Marine m’a fait l’honneur de me nommer coordinateur de son projet présidentiel en m’accordant une confiance dont j’espère avoir été digne. A ce titre, il m’est revenu la tache de coordonner et de piloter ce dispositif programmatique afin de faire travailler ensemble des personnes de profils, d’horizons et de sensibilité différentes avec pour mission de faire émerger un projet réaliste répondant à la situation de la France, aux exigences et rêves des Français et en redonnant à notre pays une vision et une ambition nationale. Je nous félicite sincèrement de la tenue des contributions, du dévouement, du sens des responsabilités de chacun. Assumant un des exercices obligés d’une élection et qui fait l’intérêt majeur d’une démocratie, nous avons, je le crois profondément, su rassembler des personnes de très haut niveau et exprimer les aspirations réelles des Français, telles que notre mouvement les perçoit depuis des décennies, et que le contact privilégié que nous avons avec le terrain, avec la France profonde, nous permet plus particulièrement de mettre à profit aujourd’hui.

Dans ce contexte, plus que jamais à l’approche de l’exercice du pouvoir, devant l’affligeante accusation croissante d’incompétence, selon les mêmes termes employés par la presse européiste à l’approche du Brexit, ou avant l’élection de Donald Trump, nous pouvons être sereins devant la qualité de notre programme.

Nous avons réuni des hauts fonctionnaires de premier plan, des magistrats, des juges et des avocats, des économistes qui font autorité, des hauts gradés de l’armée et de la police, des médecins et des professionnels de santé, des professeurs des écoles et des universités, des agrégés, des chercheurs, des penseurs, des capitaines d’industrie, des cadres dirigeants de grandes entreprises et des patrons de PME. Nous avons, avec une réelle humilité, voulu, ensemble, donner chair à notre dynamique politique et l’incarner dans les défis de notre temps et dans les défis propres à cette année inédite. 

Je ne peux que les en remercier, d’autant que, grâce à eux tous, nous avons su prouver que si les élections ont toute leur spécificité, et celle de 2017 n’y fait pas exception, nous n’en sommes pas moins fidèles aux grands principes qui ont donné à notre mouvement cet esprit visionnaire qu’on nous envie. 

Quels sont ces grands principes ?

L’identité nationale d’une part, sans laquelle la France de demain ne serait plus la France de toujours, celle que nous aimons, et pour laquelle nous nous battons tous ; la souveraineté ensuite, sans laquelle la France ne sera qu’un enfant mineur, incapable de prendre ses responsabilités devant l’Histoire.

S'agissant de l'identité nationale d'abord, nous voulons, comme à toutes les grandes échéances électorales, poursuivre le combat et remporter la victoire pour redonner à la France de l’âme et de la respiration, afin de re-créer les conditions d’une authentique communauté nationale.

Depuis plusieurs décennies, la culture dite « française » s’est égarée dans la recherche libertaire et libérale d’un individu-roi, doté, paraît-il, de toutes les libertés morales, y compris celle de ne s’accomplir que dans le culte de l’argent, dans un cadre européiste et mondialisé.

Cette définition-là de la France, ce n’est pas la vôtre, Madame la Présidente. Ce n’est pas la nôtre.

Notre identité, c’est une histoire, c’est une langue, une culture, des traditions et surtout des valeurs : nous avons un héritage moral, spirituel, intellectuel et même religieux qui nous a appris à travers les siècles de notre histoire à penser que la France est faite d’êtres incarnés, libres et doués d’une âme, fiers du collectif et d’une capacité redoutable à avancer dans tous les domaines de la vie économique, scientifique, intellectuelle et sociale.

Cette France-là a une colonne vertébrale, marche tête haute, va de l’avant, et entraîne à sa suite non seulement tout un peuple, mais souvent aussi d’autres peuples. Dans cette France-là, dont vous êtes, Madame la Présidente, la parfaite incarnation, il n’y a que des citoyens, et non des individus shootés à l’argent-roi et condamnés à se communautariser pour se protéger, au détriment de l’envie de partager un destin collectif et un avenir commun. Dans cette France-là, la nôtre, il n’y a pas la place pour que le Français soit réduit à courtiser ceux qui lui crachent au visage, sans jamais oser proposer de manière décomplexée son propre génie. Il n’y a pas de place pour réduire l’homme à la servitude d’obéir, et d’obéir en particulier à d’autres gouvernements ou à des maîtres extérieurs.

Cette bataille de l’identité nationale, le projet de Marine ambitionne de la gagner à travers une déclinaison toute particulière : en retrouvant notre génie national, notre façon française de diriger un pays, qui, si longtemps, et à juste titre, a fait l’admiration du monde entier.

Il y a encore peu de temps, on décrivait la France comme un pays où la politique était formidable, équilibrée, élevée et capable d’agir grâce à une administration compétente, intelligente et dévouée. Avec Marine Présidente de la République, nous sommes capables de renouer avec ce génie français qui sait faire une synthèse par le haut. Pas une synthèse de commission où on noie le poisson dans ce qu’on appelle, avec la pudeur de l’échec annoncé, un « consensus ». Mais une synthèse qui fait qu’il y a quelques siècles, un Henri IV faisait des protestants et des catholiques un seul peuple, la même synthèse qui a fait qu’un Napoléon pacifiait la France après les affres de la Terreur, la même synthèse qui fait qu’un De Gaulle réunissait dans un même mouvement de résistance des Français de tous bords pour laver l’humiliation de 1940.  

Le génie français, c’est notre capacité, encore une fois enviée par le monde entier aux meilleures heures de notre histoire, à garder raison, et à tenir la ligne de crête entre l’intelligence de l’Etat régalien, stratège et protecteur d’une part, la créativité et l’innovation de nos entrepreneurs dans le cadre d’une économie libre de marché d’autre part.

Cet équilibre typiquement français, nous l’avons mis au cœur de notre programme car nulle mieux que vous, Madame la Présidente, ne peut le personnifier.

Depuis des décennies, la négation du tissu économique réel du pays, composé autant de TPE / PME que de grandes entreprises, a côtoyé le renoncement par l’Etat à son savoir-faire en termes de pilotage stratégique de l’économie. Ainsi, nous avons connu un développement économique inégal, sacrifiant des régions entières de notre beau pays, négligeant des pans entiers de l’économie au profit d’une tertiarisation forcée de notre modèle, laissant sur le côté de la route des entreprises prometteuses, mais non financées, et provoquant la ruine de notre industrie.

De l’autre côté, l’Etat gonflait au gré de l’explosion de la fonction publique territoriale, reculant sur ses fonctions régaliennes majeures, et renonçait à assurer à nos concitoyens l’avenir qu’il leur a toujours garanti depuis des siècles. Le dévoiement de l’Etat par son infiltration dans des sphères inutiles de la vie quotidienne, au lieu de cultiver l’autorité de ses missions régaliennes et stratégiques, a nui au développement du pays.

L’Etat en France doit rester fidèle à son génie multi-séculaire, qui a su gérer bien des contextes historiques variés, bien des étapes changeantes de notre développement économique, et qui ne demande qu’à être intelligemment actualisé en 2017 pour redonner un cap à notre pays.

Attachés à une économie libre de marché, nous pouvons compter néanmoins sur l’historique de notre développement économique depuis des siècles pour redonner à l’Etat en France un rôle crucial dans la définition des priorités stratégiques, dans l’appui aux initiatives qui préparent l’avenir, et dans la régulation des flux à nos frontières, qu’ils soient économiques, financiers ou migratoires.

En ce sens, l’identité et le génie français nous amènent très naturellement à la souveraineté.

Car renouer avec notre identité, avec notre génie national propre, c’est mettre fin à cette recherche obsessionnelle par nos adversaires politiques de solutions à l’étranger, le fameux modèle allemand, ou le fameux modèle libéral anglais, et le plus souvent à travers des structures supranationales, comme l’Union Européenne, telle que nous la connaissons aujourd’hui, ou l’OTAN, - ou encore l’ONU.

Pris dans ce corset de tutelles, la France est comme tombé dans un état de minorité légale, dépendant du bon vouloir de maîtres étrangers. Enfant mineur, la France se voit donner son argent de poche par une banque centrale européenne, se voit dicter comment il faut l'utiliser par la commission de Bruxelles, se voit donner des cours de catéchisme par la CEDH, etc.

Il est temps de ressusciter la France libre et indépendante. Il est temps que la France renoue avec son destin historique qui est celui d'un pays majeur qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être.

Notre programme n’ambitionne certainement pas de remplacer une idéologie par une autre, qui prétendrait, comme celle qui nous gouverne actuellement, tout prévoir à l’avance et avoir réponse à tout. La quintessence de notre projet c’est l’amour de la France et l’objectif ultime de notre action est le seul intérêt national. Oui, cette bataille de la souveraineté est une bataille difficile, et non une facilité de discours. Mais cette bataille est-elle plus difficile que celle de nos ancêtres lorsqu’après des décennies de domination anglaise, ils suivaient Jeanne d’Arc pour retrouver la foi dans leur destin collectif ? Cette bataille est-elle plus difficile que celle de Colbert lorsque Louis XIV lui demandait de produire français et d’arrêter d’être dépendant des productions italiennes, flamandes ou hollandaise ? Est-elle plus difficile que celle de redonner une voix à la France après les accords de Yalta en 1945 ? Non, elle n’est pas facile, cette voie que nous voulons emprunter pour redevenir libres. Mais elle n’est pas non plus plus difficile !

Oui, sortir de l'Union européenne, de la zone euro ou encore de l'OTAN ne sera pas une promenade de santé. Mais nous assumons l'incertitude et l'inconfort qui vont avec toute liberté car il faut toujours préférer le vertige de la liberté au confort de la tutelle. Cela est vrai pour un individu comme pour une nation. Personne n’a jamais renoncé à sa liberté au prétexte que celle-ci est difficile à assumer !

Et que peuvent nous dire nos détracteurs ? Qu’il nous faudrait, devant 40 années d’échecs d’abandon de souveraineté à Bruxelles, continuer parce que c’est trop difficile d’arrêter cette course folle ? Ces détracteurs auraient-ils conseillé au commandant du Titanic de foncer dans l’iceberg et de renoncer à l’éviter juste parce que la manœuvre était trop difficile ? Comme le disait le Cardinal de Richelieu dans ses Maximes d’Etat, « Bien souvent on se contente d’adoucir les plaies au lieu de les guérir ». Eh bien, nous, nous voulons guérir et arrêter l’hémorragie avant qu’elle ne devienne fatale.

Mes chers amis, le Français fier de son identité et de son passé, avec toutes les leçons qu’il tire des échecs et des succès de ses ancêtres, n’a pas peur de la souveraineté. Notre liberté n’est pas un caprice d’enfant : c’est une conscience responsable d’adulte. En 40 ans de combats politiques, qui dira que nous n’avons jamais eu le temps de réfléchir, de nous remettre en cause parfois, de nous conforter souvent ?

Oui, nous conforter souvent, parce qu’aujourd’hui, disons-le avec gravité et sans excitation ou complaisance malsaine, compte tenu de la situation, tout nous donne enfin raison !

Ce programme qui est le nôtre pour 2017, c’est aussi un programme qui incarne la spécificité du contexte global : l’Histoire est en marche et cela se sait maintenant en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, mais aussi chez de nombreux peuples du continent européen. 

A ces peuples comme au nôtre, on a vendu les théories fumeuses sur la fin de l’histoire, la fin de la politique, le tout gestionnaire, le tout économique, et surtout une promesse de prospérité sans fin qui ne s’est jamais concrétisée. Les peuples ne veulent plus de ces promesses sans lendemain, qui n’ont, au fond, pour seul but que de dissoudre la nation, annihiler la patrie et enterrer notre histoire, notre génie et donc notre avenir. On a tenté de nous faire oublier la France. Mais la France est encore là, belle et puissante à votre image, Madame la Présidente, prête à reprendre possession d’elle-même, comme vous êtes prête à assumer son destin.

Une page est en train de se tourner.

Les uns après les autres, les peuples veulent dire non au tout-libéral, aux flux migratoires sans projet ni capacité d’assimilation, à l’absence de frontières, aux maisons sans portes ni fenêtres, ouvertes à des vents glaciaux, dont le foyer finirait par s’éteindre inexorablement. La braise est encore là : le feu peut reprendre et le feu doit reprendre. Les peuples le savent, et la France, tout particulièrement, le veut.

La parenthèse du mondialisme, de l'européisme et de l'immigrationnisme est partout en train de se refermer. C'est le grand retour des États-nations et le grand retour des peuples. En clair c'est le retour du monde tel qu’il a été façonné par la France il y a des siècles, du monde dans lequel la France savait jouer un rôle, grand par définition. La France a, aujourd'hui, avec de nouveaux outils certes et de nouveaux vecteurs de la puissance, un rôle historique à jouer tant il est vrai qu'il existe, comme l'écrivait admirablement de Gaulle, « un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde ».

Face à ce nouveau monde en gestation, seul le programme de Marine va dans le sens de l'histoire. Marine porte depuis des années les contours du paradigme qui est en train de façonner aujourd'hui les pays anglo-saxons. Si on l'avait écouté plus tôt, la France aurait été à la pointe de ce changement.

Mais mieux vaut tard que jamais et la France n'a certainement pas cinq années supplémentaires à perdre. Or, les autres candidats à la présidence de la république ont des programmes passéistes, des programmes qui appartiennent à l'ancien monde.

M. Macron offre son visage nouveau et jeune à des solutions tellement vieilles et convenues, qu’il est devenu le Dorian Gray de la politique française : l’ambition se dissimule à peine, tandis que son intelligence, hélas, ne sert qu’à maquiller les solutions d’hier. Ne demandez pas le programme de Macron en librairie, ils vous répondront qu’ils ne font pas les périodiques ! Mais chez d’autres, c’est le retour assumé des années 80 à la Thatcher. Ou encore le retour du programme socialiste de 1981.

Bref, la base programmatique de nos adversaires est un monde dont la page se tourne et qui est l’objet de nostalgies plus créatives les unes que les autres. Leurs programmes non seulement ne prévoient pas de remettre en cause le système dans lequel nous sommes encore emprisonnés, mais au contraire, par idéologie, envisagent d'aller encore plus loin dans la logique ancienne.

C'est bien le propre de toute idéologie.

Vous n’êtes pas, Madame la Présidente, dans l'idéologie. Le projet de Marine, c’est avant tout de ressusciter la politique en lui redonnant ses lettres de noblesse.

Permettez-moi de terminer par un rappel historique qui n’est pas tout à fait anodin.

Il y a un siècle, le peuple français venait de remporter la bataille majeure de Verdun, au terme d’un effort spectaculaire, mais sans gagner encore la guerre. C’est aussi en 1916 qu’une Française, en hommage à la combativité des poilus qui montaient au front en uniformes bleus, inventa le bleuet, devenu le symbole de nos combats nationaux et de l’esprit de dévouement des Français qui affrontent debout et ensemble les défis de leur temps.

Un siècle plus tard, nous avons non seulement une rose bleue comme symbole de notre combat, écho de notre combativité historique, mais aussi de belles batailles récemment gagnées pour endiguer le mal de notre temps. Nous n’avons certes pas encore gagné la guerre : mais cela ne saurait désormais tarder !

Avec Marine, et grâce à cet effort collectif pour nous doter d’un programme raisonné, éclairé, chiffré, argumenté, et réalisé par des personnes prêtes à exercer le pouvoir, nous sommes en mesure de dire que cette bataille non seulement va être décisive, mais qu’elle sera, je n’en doute pas un instant, gagnée, pour mettre un terme à cette guerre et restaurer la France dans sa grandeur. Car le maître mot de ce projet présidentiel est clair et limpide : au nom du peuple, remettre la France en ordre, pour refaire de la France un pays majeur.

Je vous remercie !

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